vendredi 22 décembre 2017

Le vendredi à ma fenêtre 38/52


SOLSTICE D'HIVER

Les noirs sapins qui peuplent seuls l'hiver
sous un ciel lourd dont les clartés sont basses
ont trop aimé ce pays temporaire
où l'on croit vivre et dont mon âme est lasse.

Le soir vient tôt sans la moindre lueur
noyer de nuit ce qui reste du monde
et le matin tardif s'éveille en pleurs
comme un enfant perdu entre des tombes.

À peine avons-nous vu s'éloigner l'aube
qu'il faut déjà supporter les ténèbres
et l'ange obscur qui les gouverne rôde
dans notre cœur autant qu'à nos fenêtres
Jean Grosjean

vendredi 15 décembre 2017

Le vendredi à ma fenêtre 37/52

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
 
Charles Baudelaire - Elévation

samedi 2 décembre 2017

Le vendredi à ma fenêtre 36/52

Arbre l'hiver
L'arbre, ici, maintenant, debout,
Rien que du bois,
Comme un oiseau figé debout
La tête en bas.
L'arbre vécu
Comme du bois
Et comme oiseau
Ne bougeant pas.
Eugène Guillevic